Les nobles à Saint-Ciers-sur-Gironde
Du point de vue uniquement généalogique l'histoire des nobles à Saint Ciers sur Gironde est très réduite, aucune présence dans les registres paroissiaux de Saint Ciers Lalande, nom de la paroisse puis de la commune jusqu'en 1902. et très peu dans les registres d'Etat Civil. Les nobles sont au début, gouverneur de Blaye, zone comprenant le Vitrezais, approximativement le canton de Saint Ciers-sor-Gironde
Jean-Paul d'Esparbès (vers 1534-1616), dit le marquis de Lussan, mestre de camp du régiment de Piémont (1577), est nommé gouverneur de la ville de Blaye en 1586 par Henri III et sénéchal d'Agenais. Il résiste au siège du château de Blaye en 1592 par le maréchal de Matignon et fait construire le couvent des minimes en 1606
François d'Esparbès de Lussan d'Aubeterre est son fils. Son père ayant résigné ses fonctions de gouverneur de Blaye, il est nommé à ce poste en 1612. S'étant montré favorable à la reine-mère Marie de Médicis et au parti du duc d'Épernon en 1620, il tombe en disgrâce et Louis XIII lui ordonne de céder le gouvernement de Blaye à un frère cadet du duc de Luynes, Léon d'Albert, seigneur de Brantes, duc de Piney-Luxembourg.
Il n'y a pas de lien direct avec Saint Ciers, mais en 1617 il est témoin aux contrats de mariage, rédigé par le notaire Rigolleau à Blaye,
de François Glénisson originaire de la région d'Aubeterre avec Catherine Lauze et de son frère Jehan Lauze qui auront une nombreuse descendance à Saint Ciers et dans tout le Vitrezais, dont des adhérents de notre Cercle.
Il a épousé en 1597 Hippolyte Bouchard (vers 1575-1638), vicomtesse d'Aubeterre, fille unique de David, vicomte d'Aubeterre, capitaine de 50 hommes d'armes de ses ordonnances, conseiller d'État, sénéchal et gouverneur du Périgord d'où les liens avec Aubeterre.
bonnes et agréables volontés scavoir le dit Glénisson
avecq l’advis et conseil et consentemant de haut et puissant
seigneur Messire françois d’esparves de lussan seigneur
marquis du dit Aubeterre conseiller du roy en son conseil d’estat capitaine
De cinquante hommes d’armes de ses ordonnances seigneur de la serre
Francescas ligardes de Saint sardin chadenac vitrezay et autres
places Gouverneur et senéschal d'agenois et condomois
Lieutenant pour le roy dite ville chastau et comté
De Blaye et maître Jehan Glénisson son frère procureur au
Siège présidial d’angoumois et la dite de lauze
La transcription ci contre a conservé autant que possible pour la compréhension l'écriture du document d'origine.
La transcription des lieux résulte de recherches sur l'environnement de la famille d'Esparbes de Lussan.
L'écriture Esparves est locale comme utilisée au registre paroissial de Blaye
Honoré D'Albert de Luynes, est seigneur de Luynes, de Cadenet, de Brantes et de Mornas, Chambellan en 1573 de Charles d'Alençon frère du roi, gouverneur de Beaucaire, surintendant et commandant général de l’artillerie en Languedoc et Provence, marié avec Anne De Rodulf †1587
Son fils Léon d'Albert de Luynes est né en 1582 à Mornas Vaucluse
et décédé le 25 novembre 1630 à Paris, à l'âge de 48 ans..
Il est Gouverneur de Blaye de 1620 à 1630
il n' a pas été trouvé de traces de son passage à Blaye ni à Saint-Ciers. La tâche de gouverneur semble pouvoir être exercée à distance avec éventuellement des représentants locaux.
Son successeur Claude de Rouvroy de Saint Simon a laissé des traces à Saint Ciers sur Gironde:
- La construction de la Cassine vers 1650
- L'assèchement des marais de 1647 à 1652
- La création de la paroisse de Saint Simon du Cardonnat en 1668
Un résumé de sa vie donne la raison de sa présence furtive à Saint Ciers.
Il est un fils de Louis de Rouvroy dit "de Saint-Simon" et de Denise de la Fontaine de Lesches épousée en 1594. Son père, dont la famille est d'origine picarde, sort ruiné par les guerres de religion, Claude de Saint-Simon est placé comme page de la petite écurie au service de Louis XIII avec qui il se lie d'amitié.
En 1627 il devient premier écuyer de France, puis Grand louvetier de France en 1628 et premier gentilhomme de la Chambre du roi. Il se distingue au Siège de La Rochelle et reçoit la seigneurie d'une partie de la ville.
En 1630 au décès de Léon d'Albert de Luynes il est fait gouverneur de Blaye, des châteaux de Saint-Germain et de Versailles.
En janvier 1635 il est porté au rang de duc et pair sous le titre de duc de Saint-Simon et reçoit l’ordre du Saint-Esprit. Mais il est disgracié en 1636, pour avoir défendu le baron de Saint-Léger, son oncle, qui avait trop vite rendu une place forte
Il est exilé à Blaye de 1636 à 1643 date à laquelle il peut revenir à la Cour, il assiste à la mort de Louis XIII. Il se tient dès lors à l'écart des affaires politiques, bien qu'il prenne le parti d'Anne d'Autriche et de Mazarin lors de la Fronde. Il réside alors dans son château de La Ferté-Vidame.
A partir de 1675 il se consacre à l'éducation de son fils Louis
On ne sait pas où il habitait pendant son séjour à Blaye mais il a du avoir la connaissance de la possibilité de faire de bonnes affaires avec l'assèchement des marais.
Cette zone a été asséchée, selon l'accord du Conseil du roi de la concession de desséchement du domaine royal à Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon, gouverneur de Blaye, le 2 août 1645. En 1647 un contrat est passé. Les travaux d´aménagements débutent en 1651 et sont réalisés par une société saintongeaise. Au terme de ces travaux, le marais de Saint-Ciers est distribué entre les entrepreneurs et le duc de Saint-Simon qui gère cette répartition des terres mises en cultures. Des métairies sont construites à cet effet et l'archevêque de Bordeaux y accorde, en 1668, la fondation de la paroisse de Saint-Simon de Cardonnat. Des saintongeais habitent ces métairies. Les registres paroissiaux de cette paroisse ne semblent avoir subsistés que de 1692 à 1695 puis de 1751 à 1792, les premiers habitants demeureront inconnus.
Le Duc meurt en 1693.
Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1607-1693), vicomte de Clastres, baron de Benais, seigneur de Ferté-Arnaud, seigneur de Beaussart
épouse en premières noces en 1644 Diane Henriette de Budos (1629-1670), marquise des Portes,
épouse en secondes noces en 1672 Charlotte de L'Aubespine (1640-1725), fille de François, marquis d'Hauterive, et de Éléonore de Volvire, marquise de Ruffec.
Vers1650 le Duc fait construire le domaine de la Cassine. On ne sait pas s'il y a demeuré. La légende veut que Louis XIV y ait séjourné, mais le fait n’est pas vraiment vérifié.
En cete année 1650 deux de ses maisons à Blaye sont vendues par Jean André Brullard de Blaye qui a reçu procuration du Duc par un acte d'un notaire du Chatelet à Paris. Un acheteur est capitaine de vaisseau, l'autre charpentier de barriques.
Les titres du Duc sont très nombreux et variables selon les sources. Certains sont cités dans l'acte, Ils sont illustrés et transcrits ci dessous
A noter "La seigneurie du Vitrezay"
personnellement étably Jean André Brullard habitant de la ville de Blaye
et faisant pour très hault et tout
puissant seigneur messire Claude duc de Saint Simon
pair de France chevallier des ordres du roy gouverneur
pour sa majesté des villes chasteau du conté de Blaye
vidasme de Chastres marquis de Portes, viconte de terrargues (transciptions de lieux incertaines)
seigneur de la ferté Vidasme de beaussaud du vitrezay
de la Rochelle en partye et autres lieux mestre de camp
d'un ancien régimant de cavallerie entretenu pour
le service de sa majesté en conséquence de la procuration
La concordance des dates peut faire penser que ces ventes ont servi à l'achat du terrain et à la construction de la Cassine
Dans les années 1671-1673, le roi Louis XIV ordonne à l'Académie de « dresser une carte de toute la France avec la plus grande exactitude possible ». Picard et La Hire vont relever astronomiquement latitudes et longitudes des principales villes du littoral, travaux qui aboutiront aux contours de la carte de France corrigée (mais non triangulée), présentée à L'Académie en 1682.
En 1683, « Sa Majesté ordonne aux Mathématiciens de l'Académie des Sciences de continuer l'entreprise de Picard, décédé. Un premier travail de Cassini I et Cassini II, sera terminé en 1718, ensuite une carte est publiée en 1744.
Des cartes détaillées sont établies, la région de Blaye est levée de 1767 à 1775 et la carte publiée en 1783.
C'est un extrait de cette carte qui montre ci dessous l'état des marais de Sant Ciers à cette époque. Les noms des "métairies" sont parvenus jusqu'à nos jours.
Claude laisse un bel héritage foncier à son fils, Louis, qui se lance à son tour, en 1697, dans l’assèchement des marais de Saint-Androny.
Mais le futur mémorialiste préfère aux marais du Blayais ceux de Versailles sur lesquels vient d’être construit le palais du Roi Soleil.
Il n'aurait passé qu'un jour à la Cassine, parce qu’il se rend en Espagne pour y demander la main de l’infante au nom du jeune Louis XV. Le curé l’a notée sur le registre paroissial en travers et en surcharge sur la naissance de Marie Richard (page 15/156)
"Monsieur le duc de St Simon est arrivé icy le trentième du mois d'octobre 1721 allant en espaigne ambassadeur pour demander en mariage pour notre roy l'infante"
Le baptême de Louis de Saint-Simon, né le 16 janvier 1675 dans la paroisse Saint-Sulpice à Paris, a lieu dans la chapelle du Château de Versailles le 29 juin 1677 par le cardinal de Bouillon; les parrains et marraines sont Louis XIV et Marie-Thérèse d'Autriche.
Louis est mort en 1755, marquis de Ruffec, comte de Rasse, comte de La Ferté-Vidame, vidame de Chartres, seigneur d'Aysié, seigneur d'Empuré, seigneur de Verriere, seigneur de Martreüil, seigneur de Charmé, pair de France, Grand d'Espagne de la première classe, ambassadeur extraordinaire en Espagne, chevalier de la Toison d'or (1722), chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit (1728), il a épousé en 1695 Marie-Gabrielle de Durfort-Lorge (1678-1743), fille de Guy Aldonce de Durfort, duc de Quintin, comte de Lorges, maréchal de France, et de Geneviève Frémont d'Auneuil
Finalement, lucide quant à la mauvaise gestion de ses biens et pour apaiser ses créanciers, Saint-Simon s’engage, au milieu du XVIIIe siècle, à vendre ses marais à la première occasion favorable.
Elle survient après sa mort lorsque sa fille et son gendre vendent, en 1764, toutes leurs terres de Blaye et du Vitrezais à Catherine Madeleine Jort de Fribois la veuve de Nicolas-René Berryer, ancien garde des Sceaux. Appelée La dame du Vitrezay elle séjourne souvent dans sa demeure de Saint-Ciers-Lalande-en-Vitrezay afin de surveiller ses terres. Le blason actuel de la commune est celui de cette dame de Vitrezay.
Chrétien René Auguste Marquis de Lamoignon
Fils de Chrétien François de Lamoignon de Bâville et de Marie Élisabeth Berryer, fille de Nicolas-René Berryer dont il hérite les biens de Saint Ciers.
Il épouse, le 24 août 1784, à Caen, Marie Henriette d'Augerville d'Aurcher, fille de Louis Robert Guillaume d'Augerville d'Aurcher et de Marie Catherine de Bernières.
Le 4 mars 1785, il est nommé conseiller au Parlement de Paris, en lieu et place de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau.
Il se retire à Basville, en 1788, lorsque son père remet sa démission de la charge de Garde des sceaux au roi.
Le 24 octobre 1788, il est attaché à l'État-major, avec le grade de Capitaine, sans appointements. Il est aide de camp du maréchal de Broglie en 1789.
Au moment de la Terreur, il s'exile en Angleterre et ne rentre en France que sous le Consulat.
Au lieu de s'adonner à la vie facile et fastueuse que son rang lui réserve à Paris, il choisit de s'installer à la Cassine à Saint Ciers sur Gironde. Il s'occupe de son immense domaine blayais comprenant des milliers d'hectares et de nombreuses fermes. Il est alors le détenteur de la fortune terrienne la plus importante de la Gironde et fréquente Haussmann lorsque ce dernier était sous-préfet de Blaye
Ancien officier dans l'armée, il est nommé chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 20 novembre 1816.
Maire de Saint-Ciers-la-Lande (actuel Saint-Ciers-sur-Gironde), de 1813 à son décès, et conseiller général de la Gironde, il est nommé Pair de France le 11 octobre 1832, et siège à la Chambre-Haute dans la majorité jusqu'à sa mort.
En 1841, il est président de la commission syndicale des marais de Saint-Simon.
Il meurt le 7 avril 1845 en son domicile, à Saint-Ciers-la-Lande.
Une chapelle funéraire sur un caveau est édifiée en 1845 par l'ingénieur François Manizan. L'existence de ce caveau, invisible a été oubliée. Une importante campagne de restauration intérieure de l'église commencée en 2000, a pris fin en 2007. Le caveau du marquis de Lamoignon redécouvert a été ouvert en 2008 puis de nouveau scellé.
Par testament du 20 mars 1837 le Marquis de Lamoignon lègue tous ses biens à son neveu Auguste Luc Nompar de Caumont Laforce fils de sa soeur. Un contrat de vente du 15 février 1864 du notaire Grillet de Marcillac montre que les descendants sont nombreux à cette date, ils habitent tous la région parisienne et se soucient peu de leurs biens à Saint-Ciers.
De nombreuses ventes ont lieu et au début du 20ème siécle tous les biens sont vendus.
Adresse Postale
22 rue des Genêts
17130 Montendre
Courriel
genealogiehautesaintonge@orange.fr
Téléphone : 05.46.04.29.19
pendant les permanences du samedi
ou laisser un message