Ces illustres visiteurs venus au cours des temps à Jonzac en Saintonge
Jonzac, capitale de la Haute Saintonge, se situe entre les riches vignobles de l'appellation « Cognac » et le massif forestier de la Double Saintongeaise. La petite ville ne manque pas d’atouts ni de charme pour attirer les visiteurs ; son château, sentinelle perchée sur l'une des hauteurs de la ville, fut tout au long de l'histoire, un lieu de communication entre l'Ouest du pays et les voies rejoignant l'Espagne et le midi. Ici des personnages illustres sont venus pour des raisons politiques, militaires ou tout simplement pour un court passage . La liste des visiteurs est longue et si nous disposons de peu d'informations pour quelques uns d'entre eux, pour d'autres leur présence, même de courte durée, entrera pour toujours dans l'histoire locale.
Les armoiries des seigneursde Sainte Maure
sont reprises par la ville de Jonzac ainsi que
la devise << Post Bella Otia Pacis>> se traduisant
<<Après la guerre, les loisirs de la paix>>
(Photo Jean-Claude Arrivé)
Agrippa d’Aubigné, né en 1552 près de Pons , il était le fils d’un juge, petit seigneur des terres de Brie sous Archiac. D’origine modeste, le jeune Agrippa reçut une stricte éducation protestante; il devint un brillant étudiant dans les disciplines littéraires, pourtant c’est vers une carrière militaire qu’il s’orienta en s’engageant très tôt dans les troupes calvinistes de Condé; il y fit son apprentissage en faisant des « coups de mains » dans des localités des environs (Archiac, Pons, Oléron, Jarnac). C’est ainsi qu’à Jonzac en 1570, le jeune intrépide, tout juste âgé de 18 ans, se plaça à la tête d’une vingtaine de jeunes arquebusiers pour essayer de prendre le château de Jonzac. Celui-ci, défendu par deux compagnies françaises et deux compagnies italiennes, était protégé par une rangée de barricades formées de pieux, de planches et de barriques. L’attaque des assaillants engagea un corps à corps avec les défenseurs du Château et leur fougue entraîna un retrait de la garnison à l’intérieur de la forteresse. Agrippa d’Aubigné et ses compagnons furent dans l’impossibilité de les déloger.
Louis XIII. Son passage au Château de Jonzac en 1623 fut marqué par une récompense offerte à Léon de Sainte Maure pour les services rendus à la couronne de France. Le Roi érigea la terre d’Ozillac en Marquisat. Par reconnaissance, les seigneurs de Jonzac firent sculpter un buste du Roi Louis XIII placé à l’arrière du Chatelet sur le versant nord. Il fut malheureusement détérioré pendant la Révolution.
Buste de Louis XIII détérioré pendant la Révolution
Le Prince de Condé en Janvier 1652. Un prince de sang réputé pour ses victoires militaires mais un Prince arrogant, ayant une haute idée de lui-même, nourri d’une ambition démesurée. Il prit la tête de la Fronde avec les nobles insurgés, s’opposant au Cardinal Mazarin et au jeune Roi Louis XIV. Il dévasta les campagnes saintongeaises et notamment la paroisse d’Ozillac dont « la moitié des habitants, portant la moitié des tailles » quittèrent les lieux pour s’installer dans des paroisses voisines, victimes des agissements et des excès commis par la soldatesque à l’égard de la population. Après avoir conquis Saintes et Cognac, Condé perdit en 1651 cette dernière ville défendue par Léon de Sainte Maure, demeuré fidèle au roi malgré une inclination inavouée pour la Fronde des Princes. Quelques mois plus tard, en Janvier 1652, revenant de guerroyer à Libourne, Condé fit une halte au Château de Jonzac où Madame la Comtesse de Sainte Maure le reçut en l’absence du Comte.
Le Cardinal Mazarin. Durant la Fronde, il rendit visite en 1652 à Léon de Sainte Maure pour dit-on « réchauffer l’ardeur de ses partisans et les mettre en garde contre les intrigues du Prince de Condé ». Ce dernier, ennemi intime de Mazarin, avait même fait alliance avec l’Espagne.
Mazarin fit, une seconde fois, étape au Château de Jonzac le 11 Juillet 1659, précédant d’un mois le roi Louis XIV, en vue de préparer la signature du Traité de Paix des Pyrénées entre la France et l’Espagne. Son éminence « fut reçue par le Marquis de Jonzac, Léon de Sainte Maure, dans le cadre d’un somptueux régal » selon les journaux historiques de l’époque.
Illustration François Brosse, Studio Différemment.
"Publication « le magazine du Département de la Charente Maritime" n°49, Décembre 2013.
Le jeune roi Louis XIV, accompagné de la reine mère Anne d’Autriche, de Monsieur, frère du Roi et d’une partie de la Cour, séjourna au Château de Jonzac, le 16 Août 1659. La visite fut de courte durée car le Roi rejoignait sa future épouse, l’infante Marie- Thérèse d’Autriche à Saint Jean de Luz. L’événement dut mettre en liesse toute la contrée de Jonzac et l’effervescence devait être à son comble sur l’esplanade du château à l’arrivée du convoi royal pénétrant sans doute par la Porte de Ville. Il faut imaginer les gens de la cour accompagnant le souverain et logeant dans le château mais aussi les soldats chargés de la protection du Roi cherchant refuge dans les maisons des alentours. Léon de Sainte Maure, encore une fois, sut satisfaire ses hôtes d’un jour. « Ce seigneur généreux sçavoit l’art de traiter quelques fois les roys et les reynes. Estant arrivées en cette place de Jonzac, elles furent même complimentées par tous les députez des villes circonvoisines ».
Le Roi repartit le lendemain en direction de Blaye et quelques semaines plus tard, il signa avec la Reine-mère et Mazarin le traité des Pyrénées scellé par le mariage du jeune souverain avec l’infante Marie-Thérèse en l’église de Saint Jean de Luz.
Anne d’Autriche et la nouvelle Reine de France, l'infante Marie Thérèse d'Espagne, après les cérémonies du mariage, firent de nouveau une étape au Château de Jonzac le 28 Juin 1660. A cet effet « le compte l’ayant fait préparé avec beaucoup de magnificence, et n’ayant rien oublié de ce qui pouvoit contribuer à la satisfaction de ces illustres personnes ». Le Roi, pour sa part, s’arrêta à Saint Ciers sur Gironde, pour rendre une visite au Duc de Saint Simon. En fait, le jeune Louis XIV, avait quitté la cour royale à Blaye pour prendre la direction de Brouage afin de visiter les lieux où Marie Mancini avait séjourné quelques mois, exilée par les soins de son oncle le Cardinal Mazarin. Les sentiments persistants de Louis XIV à l’égard de son ancienne favorite, privèrent sans doute le château de Jonzac d’une nouvelle visite royale.
Sadi Carnot. C’est seulement quelques mois après son élection à la Présidence de la République que le petit-fils du grand Lazare Carnot – l’un des héros de la Révolution française - s’arrêta à la gare de Jonzac le 2 Mai 1888. Venant de Bordeaux par un train spécial pour se rendre à Rochefort, le chef de l’Etat descendit seulement quelques minutes sur les quais de la gare. Grâce aux bons soins du personnel, la station de Jonzac avait été décorée de bon goût. Le Maire, Charles Alisant, à la tête d’une petite délégation d’élus municipaux, lui présenta quelques mots de bienvenue. Il était accompagné du Sous-Préfet, de l’archiprêtre et de ses vicaires, des membres du Tribunal civil et du Tribunal de commerce, de la compagnie de Pompiers, des élèves de l’école communale, tous étant venus saluer et se « découvrir » devant le chef de l’Etat selon le journal local « l’Echo de Jonzac ».
Général Boulanger. Ministre de la Guerre du gouvernement Freycinet, ancien condisciple de Georges Clémenceau, il prit vite de ’importance au sein des armées - il fut à l’origine des fusils Lebel en 1886 -. Il prônait un discours nationaliste voire belliqueux au point d’être présenté comme le Général « Revanche » par tous ceux qui rêvaient de reprendre l’Alsace-Lorraine aux Prussiens. Cette attitude l’amena à démissionner du Gouvernement et à se présenter à la Chambre des députés notamment en Charente Inférieure.
C’est au cours d’une campagne électorale qu’il vint à Jonzac avec le soutien des Bonapartistes et des forces conservatrices. Ainsi le vendredi 10 Juillet 1888, jour de la foire, il arriva à la gare par le train de 7 h 29. Une manifestation hostile l’attendait. Le maire, Charles Alisant, fervent républicain et son adjoint Ledoux avaient fait distribuer des sifflets aux enfants des écoles conduits par leurs instituteurs et, avec l’aide des agents de police et des agents de l’administration, ils les avaient invités à manifester en faisant grand bruit. Malgré l’hostilité ambiante, Boulanger put descendre chez Endrivet à l’Hôtel de l’Ecu où il était attendu (l’hôtel est toujours au même endroit, Place Fillaudeau). Vers midi, sous l’impulsion du Baron Eschassériaux, député de la circonscription, les Bonapartistes se ressaisirent et firent une ovation à Boulanger lors de son déplacement au café Continental (emplacement actuel de la Bourse de l’Immobilier, Place du Château) où il devait donner une réception publique. Dans l’après-midi, il y eut quelques échauffourées car la foule avait considérablement grossi. Les agents bonapartistes proposèrent aux enfants d’acheter les sifflets à un prix allant de 0,50 f à 3 f. estimant que c’était le moyen le plus radical pour éteindre la manifestation. Ils réussirent dans leur entreprise, aidés, il est vrai, par la forte popularité du Général Boulanger qui comptait à l’époque de nombreux partisans. A sa sortie du jardin du café Continental, pour rejoindre la gare en voiture à cheval, il fut accompagné par une foule enthousiaste poussant des vivats et évaluée au moins à mille personnes.
Emile Combes mena sa carrière politique d’une manière calculée. Maire de Pons en 1874, Sénateur de la Charente Inférieure en 1885, Vice-Président du Sénat en 1894-1895, il fut nommé Président du Conseil en 1902 après la victoire du cartel des gauches aux élections législatives.
L’homme, doté d’une grande intelligence et d’un sens politique remarquable, fut rigoureux dans la gestion des affaires. Il laissa sa trace dans l’histoire de notre pays et marqua la IIIème République de son empreinte. Néanmoins ses nombreux adversaires lui vouèrent une haine féroce en raison de son sectarisme et de son engagement anticlérical se traduisant par la préparation de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat votée en Décembre 1905, quelques mois après son départ du gouvernement.
Il vint de nombreuses fois à Jonzac en raison de la proximité géographique de la ville de Pons mais aussi parce que, dans les années 1890, la municipalité jonzacaise « républicaine » partageait ses idées politiques. Ainsi il présida de nombreuses manifestations jonzacaises comme l’inauguration de la statue de Marianne sur la Place de la République en l’honneur du Centenaire de la République en 1894. Toutefois il s’opposa à ses voisins jonzacais pour des projets « d’intérêts locaux » : la création de la ligne de chemin de fer économique Pons-Mirambeau-Saint-Ciers sur Gironde et le tracé de la ligne Pons-Archiac déclenchèrent de nombreuses polémiques.
Edouard Herriot fut l’invité en 1929 de son ami James Sclafer, député Maire de Jonzac. Président du Conseil et Président de l’Assemblée Nationale, Edouard Herriot fut l’un des hommes politiques les plus remarqués durant l’entre Deux-Guerres.
Maire de Lyon pendant 47 ans, Président du puissant Parti Radical, il est considéré comme l’un des hommes politiques français ayant eu une action majeure durant la première moitié du XXéme siècle.
Il fut reçu par le Conseil Municipal à l’Hôtel de Ville de Jonzac. James Sclafer ne manqua pas, à cette occasion, de préciser que « le grand maire de la grande ville de Lyon avait son entrée de droit, et accepterait d’apposer sa signature au bas du procès-verbal de cette petite séance historique ».
Edouard Herriot termina son allocution en formulant « des vœux pour la prospérité de la Ville de Jonzac laborieuse, et je serai très heureux, le cas échéant de vous rendre en services et en bienfaits, l’amitié si précieuse que vous voulez bien m’accorder ».
Antoine de Saint Exupéry. C'est le 17 Juin 1940 – jour où le gouvernement français demanda l’armistice à l’Allemagne - que Antoine de Saint Exupéry associa son nom à l’histoire de Jonzac. Tout auréolé quelques mois plus tôt par le Prix de l’Académie Française qui lui fut attribué pour son roman « Terre des hommes », le Capitaine de Saint Exupéry faisait partie de l’une des escadrilles précédant la débâcle devant la Luftwaffe.
Venant de Châteauroux, il atterrit avec quelques pilotes et quelques membres d’équipage, sur le terrain de la Grand Vau près de Jonzac, réquisitionné avant la guerre par l’armée française et utilisé par le camp militaire de Cognac comme base d’entraînement et de secours. L’objectif était de fuir devant l’armée allemande et de continuer le combat depuis l’Afrique en emmenant quelques avions de chasse. Dès leur arrivée, les aviateurs furent pris en charge par les membres de l’aéro-club et hébergés chez l’habitant. Le mécanicien de Saint Exupéry ayant de la famille à Jonzac, y conduisit le petit groupe. Malgré l’absence de preuves formelles, quelques témoins se souviennent de la petite « réception » faite dans un jardin sur le bord de la Seugne près de l’immeuble de Mme Baudoux, rue des Carmes. A cette époque, les Jonzacais ignoraient sans doute que le héros de l’aéropostale et l’écrivain futur de « Pilote de Guerre » et du « Petit Prince » avait foulé le sol de leur ville durant trois jours avant de s’envoler de Mérignac le 19 Juin 1940 pour l’Algérie via Perpignan et Oran à bord d’un avion quadrimoteur Farman.
Une semaine après le passage de Saint Exupéry à Jonzac, l’occupant allemand entrait dans la ville et y demeurait pendant 4 années.
Le Général de Gaulle est venu à Jonzac le 13 Juin 1963. Il n'avait pas inscrit son nom dans l’histoire de la ville avant son arrivée aux plus hautes fonctions. Une première visite, prévue en 1948, lors de l’inauguration du monument érigé à la gloire des jeunes héros jonzacais, Pierre Ruibet et Claude Gatineau, fut annulée. Le Général avait donné son accord pour présider la cérémonie mais, pour des raisons politiques, sa venue ne fut pas souhaitée par des membres du Comité d’organisation. Il fallut attendre le Vendredi 13 Juin 1963 – soit 15 ans plus tard – pour que le Général de Gaulle, de retour au pouvoir, fasse une étape à Jonzac dans le cadre de l’un de ses nombreux déplacements en province.
A l’entrée de la ville de Jonzac, au dessus de la route une large banderole proclamait « Jonzac, capitale du Pineau souhaite la bienvenue au général de Gaulle ».
A 10 h 55, Henry Chat-Locussol, Conseiller Général, Maire de Jonzac accueille l’ancien chef de la France libre en qualité de Président de la République. Une foule immense s’était déplacée pour le rencontrer et des applaudissements interminables l’accompagnèrent lorsqu’il accéda sur une estrade tricolore dressée devant le Chatelet. Une fois de plus, la Place du Château s’était parée de tous ses atouts pour accueillir un hôte aussi illustre devant une affluence considérable que de nombreux jonzacais n’avaient jamais connu en ce lieu.
Le général prononça une allocution en des termes mobilisateurs : « La France a des taches qui s’imposent » et il poursuit « Au-dedans, cela s’appelle le progrès, l’expansion, il y a des régions plus avancées que d’autres dans cet élan qui nous entraîne. L’expansion est une nécessité, une ambition. Le pays tout entier en est peu à peu l’objet ». Il insista sur les changements qui se sont opérés dans le pays « La France tout entière, dit-il s’accroît en nombre, toute cette magnifique jeunesse est le signe du changement humain qui s’est opéré dans notre pays…. ». « Notre industrie, notre agriculture se modernisent. Notre pays a su cesser de s’absorber lui-même des tâches lointaines de colonisation périmée. Il a remplacé cette colonisation par une coopération moderne ». (Quotidien Centre Presse du 15 Juin 1963).
De Gaulle termina son allocution en entonnant les premières mesures de la Marseillaise avant de suivre le Maire dans la salle des mariages pour signer le livre d’or de la Ville.
Jean Pierre Raffarin, Premier Ministre de la Vème République, accompagné de Dominique Bussereau, Secrétaire d'Etat au Transport et à la Mer furent accueillis par Claude Belot, Sénateur et Président du Conseil Général de la Charente Maritime, lors de l’inauguration du Centre Aquatique des Antilles le 9 Août 2002. Leurs origines poitevines et leurs fonctions politiques au niveau régional les conduisirent à de nombreuses reprises dans la ville.
Tradition respectée par le 1er Ministre qui coupe le ruban
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